Sur les rives de l’étang de Berre

“Pour vaincre le Front National, il ne suffit pas de le stigmatiser” Etienne Balibar, rencontres de Chateauvallon “En 1984, le Front National, parti raciste, dépasse pour la première fois lors d’un scrutin national, les 11%. Dès lors journalistes, documentaristes, universitaires, vont étudier la nouvelle menace. Presque tous confondent devoir de compréhension et désir de militance. En 15 ans, rien n’est venu expliquer le vote FN de manière convaincante. Quasiment toutes les études échouent parce qu’elles ne font que mettre en scène le dégoût de leurs auteurs. Nous avons donc décidé qu’il était urgent de montrer les préoccupations d’un électorat inquiet, blanc, susceptible de sympathies FN pour le comprendre. C’est le propos de ce film, fabriqué dans la région de Vitrolles et de Marignane, entre février 1997 et mars 1998, une année à  trois élections. Malgré nos contacts avec les ténors du parti et résistant à  la tentation naturelle de nourrir l’Audimat, Bruno Mégret, Jean-Marie Le Pen, Hubert Fayart, Jean-Jacques Susini, Gilles Lacroix n’apparaissent qu’en toile de fond. Le devant de la scène est tenu par ces hommes et ces femmes, de droite ou de gauche, qui par anxiété économique, par haine raciale ou par patriotisme frustré peuvent être tenté par la voie extrême. La confiance des intervenants est venue difficilement. Nous n’avons jamais triché avec leur parole. Nous leur avons montré le film avant diffusion et ils l’ont accepté tel quel. Pour unique commentaire, nous avons fourni une sorte de carnet de route de notre itinérance dans une Provence dévastée par un urbanisme dévasté, par la mémoire de la guerre d’Algérie et par la tentation fasciste. Il en résulte un film politique inhabituel, puisqu’il capte un désarroi sincère : le nôtre et le leur.” (Jérôme de Missolz, Pierre Hodgson)