Folie ordinaire d’une fille de Cham
Cham, deuxième fils de Noé, ayant vu la nudité de son père, fut maudit : ses descendants furent condamnés à devenir les serviteurs de Shem et Yafet, les «bons» fils de Noé. Kouch, fils de Cham, est l’ancêtre des Noirs. Ses fils et ses filles porteront à travers l’histoire de l’esclavage la malédiction de Cham. Jean Rouch transpose le texte de l’écrivain martiniquais Julius Amédé Laou (mis en scène au théâtre par Daniel Mesguich). L’action se passe dans le décor de l’hôpital Sainte-Anne. Le psychiatre Charcot emmène ses collègues à la présentation d’un « cas spectaculaire ». Cette (re)présentation que partagent psychiatres et spectateurs, c’est le dialogue délirant qui s’engage entre une vieille Antillaise internée à Sainte-Anne depuis 50 ans, et une jeune aide-soignante martiniquaise récemment arrivée à Paris. «J’ai rêvé de tenter l’impossible réalisation cinématographique de cette pièce de théâtre qui ne laissait d’autre répit aux spectateurs que la fin de ce voyage imaginaire. Dès le début s’est imposée à moi l’idée de tourner en plan-séquence, dans le temps réel, avec deux caméras, dont les opérateurs- réalisateurs seraient prêts à participer à cette chorégraphie étrange, à ce “cinéma tous risques” où ceux qui sont filmés et ceux qui filment partagent, minute après minute, la même émotion, c’est-à-dire la même inspiration. » (Jean Rouch, Profil d’un projet de film).
RFO; Ina; CNRS Images
Françoise Beloux
Jean-Claude Brisson
Jean Rouch; Philippe Costantini