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Stella

Vanina Vignal
2006 France 77 minutes roumain

Stella a l’étoffe d’un mélodrame. Bien sûr, la construction n’y est pas ciselée comme dans un film de Chaplin, mais le fond est le même. Stella mendie tous les jours à la station de métro Oberkampf, mais personne ne la voit exactement, comme personne ne voit la fleuriste aveugle des Lumières de la ville. Elle a tout quitté et choisi de vivre illégalement en France par amour, pour sauver son mari Marcel, atteint d’une grave maladie, convaincue qu’elle trouverait là un médecin qui saurait le soigner. Elle sauve son mari, mais le contrecoup est trop fort et, à son tour, elle tombe malade. Sans travail, sans papiers, sans argent, il lui faut attendre la fin des soins avant de repartir en Roumanie. Commence alors une attente interminable où elle doit apprendre à vivre contre ses principes, et dans la peur permanente d’un contrôle d’identité. Si le film rend palpables cette angoisse et cette souffrance, il montre aussi une femme qui ne baisse jamais les bras et qui s’attache à régler les problèmes les uns après les autres avec les moyens dont elle dispose. Sous ce corps fatigué se cache un moral d’acier. Le film s’attarde longuement avec Stella dans son logis, une tente dans un bidonville à Saint Denis, entre l’autoroute et le RER. Il dévoile son quotidien, et il montre plus : ce que nous voyons comme un état et comme une déchéance, Stella le voit comme une transition, une étape, un temps mort entre son passé d’ouvrière en Roumanie, ruinée par la chute de Ceaucescu et le passage à une économie libérale, et son avenir de retraitée à Bucarest. Cette femme a toujours eu foi en son étoile et cette étoile est son amour. Le premier plan montre Stella sous la pluie, attendant, inquiète, Marcel. L’une des dernières séquences nous montre Marcel et Stella assis sur un banc, dans la cour de la Salpêtrière, peu de temps avant l’opération de Stella. Leur amour est plus fort que toutes les épreuves que le destin, l’Histoire ou la loi leur font subir. (Yann Lardeau)

Production :
Cauri Films; Périphérie
Montage :
Mélanie Braux
Son :
Vanina Vignal
Photo :
Vanina Vignal

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