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Kagadanan sa banwaan ning mga Engkanto

Death in the Land of Encantos
Lav Diaz
2007 Philippines 540 minutes Tagalog
© Laura Penaranda
© Laura Penaranda
© Laura Penaranda

En novembre 2006, le typhon Reming (ou Durian) détruit la région de Bicol, sur Luçon, l’île principale des Philippines. Cette catastrophe, la plus mortelle connue de mémoire d’homme, tue des centaines de personnes. Des familles entières sont anéanties, des paysages détruits ou bouleversés, recouverts de boue, de débris et de roches, déserts où les routes se sont changées en torrents et où les forêts ont été déchiquetées. Le poète Benjamin Agusan revient à sa ville natale de Padang, près de Legazpi, la plus durement frappée de la région. Depuis sept ans, il vivait en Russie. Il y a travaillé, enseigné, écrit, il y a eu une compagne russe, et un fils, qu’il a perdu. Il revient pour accomplir un deuil, celui de ses parents, de sa sœur, et d’une femme aimée, Amalia, qu’il a abandonnée. Il retrouve d’anciens compagnons : une peintre-sculpteur, Catalina, un ami poète devenu paysan, Teodoro. Tous trois arpentent les lieux dévastés, et les pentes du volcan Mayon, magnifique et menaçant. Tous trois interrogent le sens de l’art, celui de l’amour, le destin des Philippines. Les fantômes du passé hantent Benjamin, des visions d’autrefois, la folie et la possession qui ont tourmenté ses parents, les images d’une ville verdoyante et paisible, comme un paradis perdu. Un mystérieux ogre rôde dans la forêt. À Manille, Benjamin rencontre un paramilitaire qui a été son tortionnaire… Au fil de la marche à la folie et à la mort de Benjamin, les survivants du typhon disent à la caméra la tragédie, les deuils, l’incurie gouvernementale, la survie de « l’après ». Des enfants jouent dans les décombres, des femmes luttent pour leur famille. L’enquête documentaire et la fiction, indissociables, explorent la catastrophe, lui donnant ainsi un caractère métaphorique de l’histoire philippine, sans jamais trahir la réalité des personnes ni celle des lieux. « Encantos » signifie « enchantement » mais c’est aussi un terme qui désigne les êtres surnaturels. Le titre dit déjà beaucoup sur le caractère des Philippins. Nous vivons sur une île enchantée, mais traversée de contradictions. Nous sommes à la fois très riches et très pauvres, très beaux et très laids. Nous connaissons la vérité mais nous ne savons pas la rechercher. C’est très philippin. Nous savons que les Marcos nous ont fait beaucoup de mal, mais nous avons été incapables de les traduire en justice. Nous n’avons récupéré qu’une petite partie de leur fortune en 30 ans, c’est pathétique. Avant même que les Latino-américains aient l’idée du réalisme magique, nous, nous avions déjà  Imelda Marcos ! » (Lav Diaz)

Production :
Sine Olivia
Montage :
Lav Diaz; Dante Perez
Son :
Geiorge Vibar; Laurel Lee Penaranda
Photo :
Lav Diaz

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