Bombhaye porteghali
Sofar, au Liban, quatre mois après la guerre des trente-trois jours. Le matin c’est les bombes, l’après-midi les oranges. Invariablement, depuis que l’aviation israélienne a truffé de bombes à fragmentation leur verger. Les bombes sont de la taille d’une grenade, fuselées et vertes pour se perdre dans la végétation, intactes, prêtes à tuer. Elles jonchent le sol, restent accrochées aux branches des arbres comme des oranges. Les démineurs de l’ONU étant trop long à venir, il a bien fallu s’y mettre soi-même. C’était ça ou perdre la récolte d’oranges. « Ce jardin nous l’avons fait nous-mêmes. Il est toute notre vie. » Pour rien au monde ils ne quitteraient ce jardin, symbole de leur union. Zeinab et Habib ont la soixantaine. Ils se sont mariés en 1967, pendant la guerre des six jours. Toute leur vie, ils auront connu la guerre et après eux leurs enfants. Elle ne leur fait plus peur, elle ne les intimide pas. Ils ont appris à apprivoiser le monstre. Blottis l’un contre l’autre, ils marquent les explosifs d’un ruban rouge dont l’accumulation décore la végétation comme des guirlandes d’une fête païenne, tirent les grenades avec leur vieux fusil de chasse comme à la fête foraine. Leur sourire est à lui seul une victoire sur la mort. Une belle leçon de vie, de courage et d’amour. (Yann Lardeau)
Documentary and Experimental Film Center (DEFC)
Majed Neisi
Majed Neisi
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