Elégie de Port-au-Prince
« Cette ville assez propre, avec ses fontaines, ses sculptures, aurait pu être comparée à Genève… ». Comme un dernier tracé cursif et coloré d’une ville qui ne subsistera que dans l’imaginaire de ses habitants, les chansons, les peintures et les films, cette traversée commentée par l’acteur et poète Dominique Batraville saisit la charge de l’événement sans tomber dans l’ornière du reportage. Haïti, année zéro : encore meurtri par le tout récent séisme, le « Port-au-Prince rêveur » manque désormais du confort minimal, et sa splendeur ancienne sera bientôt irrémédiablement rasée. Sur un amas de décombres, l’arpenteur chante une élégie lazaréenne à « cette ville de damnation » à « l’âme perfide ». Aïda Maigre-Touchet a trouvé le guide idéal qui, par la force poétique des mots qu’il choisit et des éléments du paysage qu’il désigne, frôle l’événement tout en en transmettant l’ampleur. « Je n’ai pas mangé de noix de coco/Comment se fait-il que ma maison ait tremblé…? ». Scandé sur les gravats, son poème aussi allégorique que concret (il parle de « tremblements de joie devant les tentes ») mérite bien une soupe. (Charlotte Garson)
Née à Paris en 1977, Aïda Maigre-Touchet étudie le cinéma aux universités Paris 8 et Concordia (Montréal). Elle tourne dans l’Arctique son premier documentaire, Kiyoukta (2008). Elle réalise ensuite à travers la France un court essai Forêts (2009). Après un séjour en Haïti, elle achève Élégie de Port-au-Prince (2011).
Films du Passeur
Aïda Maigre-Touchet
Anne-Dominique Termont; Martin Allard
Aïda Maigre-Touchet
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