Tiens-moi droite
« Mon cerveau est tout bleu, mais j’y habite encore ». Cinq années durant, Zoé Chantre, qui souffre depuis l’enfance d’une scoliose doublée d’un angiome cérébral, a dessiné dans les moments de crise. Seule à sa table, elle a ensuite repris, gommé, parfois animé ses dessins, les mêlant à d’autres images tournées avec sa petite caméra. Par un jeu de synchronie (ou non) entre sa voix off et ses textes filmés, entre les biographèmes qu’elle égrène et son projet de « treize livres qui porteront chacun le nom d’une de mes vertèbres », le récit extirpe ce corps du solipsisme de la plainte. Par le levier de l’humour et d’une forme documentaire ouverte, Chantre pose la question de l’ouverture (au scalpel cette fois) envisagée pour la soulager : doit-elle accepter qu’on lui insère une colonne de fer pour remplacer la sienne défaillante ? Le titre participe d’un burlesque léger qui fraye la voie vers l’émotion : la substitution du « moi » au « toi » dans l’expression courante « Tiens-toi droite » remplace la banale injonction parentale par une adresse poignante à un « tu » fraternel, que le film révèle multiple.
Françoise Widhoff; Films de l'Astrophore
Zoé Chantre
Zoé Chantre
Zoé Chantre
Zoé Chantre