Et nous jetterons la mer derrière vous
De la coutume orientale de jeter de l’eau en signe de bonne santé derrière quelqu’un qui quitte une maison, quatre cinéastes font une métaphore d’un exil à la fois raconté comme une aventure au long cours et subi comme un profond dérèglement du monde. Aziz, Sidiqi, Housine et Younes ne sont pas partis ignorants du dicton « ailleurs l’herbe est plus verte » ; leurs familles les avaient prévenus de certains dangers, parfois même un parent avait déjà perdu la vie en tentant d’émigrer. Leurs portraits croisés dans des lieux où leur voyage a parfois tourné court est ici l’occasion d’incursions dans des zones-frontières dont on lit parfois le nom sans pouvoir s’en figurer le paysage. L’île de Lesvos en Grèce, proche des côtes turques, le port de Patras, d’où des camions partent pour l’Italie, ou les centres de détention d’Athènes et d’Istanbul: autant de portes d’entrée de l’Europe qui, de plus en plus verrouillées, ont transformé ces espaces en «non-lieux»: des endroits de flux anonymes voire clandestins, où personne ne peut élire domicile. En s’attachant aux détails techniques et topographiques des récits de ces migrants, le film fait contrepoids à cette dynamique d’anonymat: ses protagonistes n’ont plus rien d’étranger pour nous. (Charlotte Garson)
Anouck Mangeat; Noémi Aubry; Clément Juillard; Jeanne Gomas
Anouck Mangeat; Noémi Aubry; Clément Juillard; Jeanne Gomas
Anouck Mangeat; Noémi Aubry; Clément Juillard; Jeanne Gomas
Ozho Naayé / Les Filles 100 s’histoires
Ozho Naayé