Romeo et Kristina
« Ici, j’avais ma baraque ; là il y avait mes frères. On était tranquille… » Quand le film commence, le bidonville où vivaient Romeo et Kristina, jeune couple tsigane, n’existe déjà plus. Ils errent au jour le jour à Marseille, où la police empêche leur petit groupe de s’installer durablement sous un pont. Bientôt, la chronique de leur quotidien bifurque : ils retournent dans leur famille roumaine même si, comme on l’a entendu hors-champ dès le début, « faire sa vie en Roumanie, c’est impossible ». Comment continuer à s’aimer quand on n’a pas de lieu à soi, quand les familles, nourricières sont aussi prédatrices, ou du moins hostiles ? La familiarité de Nicolas Hans Martin avec la langue romani, l’affection qu’il porte au jeune couple et la durée du tournage confèrent au film une ampleur émotionnelle inédite, dénuée de tout misérabilisme. « Ose dire que tu ne veux pas ce que tu aimes le plus au monde ! », hurle au téléphone Romeo, dont le comportement parfois enfantin pose problème à mesure que le désir d’enfant de Kristina se précise. S’il donne à voir un mode de vie différent ici et là-bas, mais partout bancal (de la nourriture mais pas de toit en France, l’inverse en Roumanie), Romeo et Kristina peut aussi se voir comme une histoire d’amour universelle, complexe, évidemment irrésolue. (Charlotte Garson)
4 A 4 Productions
Annick Raoul
Nicolas Hans Martin
Nicolas Hans Martin
4 A 4 Productions