Casa Roshell
Chronique fictionnée d’un petit cabaret de transformisme de Mexico, lieu d’activisme trans mais aussi havre de tranquillité pour des hommes d’horizons divers venant regarder, draguer, apprendre à se costumer.
Roshell et Lili, la quarantaine bien sonnée, dirigent un petit club transformiste de Mexico où des hommes de tout âge et de tout horizon viennent regarder, draguer ou apprendre à se travestir. Dialogué sur la base de longs enregistrements audio et d’une relation nourrie de sa réalisatrice avec les transgenres de ce cabaret de poche, le film évite un point de vue sensationnaliste pour se loger dans le coin d’un vestiaire, au moment le plus quotidien du changement de vêtements ou du maquillage, ou restituer l’attente anxieuse d’une fille du lieu visiblement amourachée d’un habitué. Lili anime même un personality workshop à destination thérapeutique. Savoir se tenir sur des talons-aiguilles ou « faire un X de notre corps d’homme en forme de T », c’est savoir se réinventer et peut-être, un jour, assumer pleinement cette identité. La forme du film accompagne le sentiment qu’ici, la séduction a le droit de rester légère (« On va dans la chambre obscure ? – Je ne pense pas, chéri… ») et que les catégories importent peu (« Tu n’es pas gay, s’entend dire un client : nous sommes un autre type de femmes… »). La démarche fluide de Camila José Donoso, celle d’un réel frictionné, se révèle tout à fait fidèle à ce que Lili, devant des apprentis-travestis, appelle le « huitième commandement » : « Tu ne prendras pas une voix bidon ». Dans son regard posé sur ce milieu et son évidente joie d’en restituer la récente sortie de l’illégalité, la cinéaste sait trouver une tonalité juste, jamais forcée. (Charlotte Garson)
Juan Pablo Bastarrachea; Maximiliano Cruz
Camila José Donoso
Isolé Valadez; Mauricio Flores
Pablo Rojo