L’ Immeuble des braves
« À Sofia, les habitants d’un immeuble mythique avaient été expulsés. Je venais y faire des repérages pour un film ». Ce qui rend cet immeuble bulgare mythique, pourquoi ses habitants en ont été expulsés, et comment un travail de repérage est devenu un film, nous l’apprendrons, après ce bref carton introductif, comme Bojina Panayotova semble l’avoir vécu : à la manière d’un emballement soudain qui fait basculer le réel dans l’irréel plein d’action d’un thriller paranoïaque. Il suffit d’un coup de fil à un homme rencontré au préalable : « occupé à sauver le monde à sa manière » en ramassant des escargots sur la barrière d’une bouche de métro, il se présente trois petites minutes plus tard devant l’immeuble pour jeter des bouts de saucisse par les fenêtres de l’immeuble condamné en criant les noms d’un chat et de deux chiens semble-t-il prisonniers de l’habitation délabrée. Mais bientôt le gardien de l’immeuble se gare, interdit l’entrée et la caméra, menace de casser la gueule d’Ivan dont Panayotova suit les pérégrinations affolées dans le quartier, invectivant voisins à leur fenêtre, commerçants dans leurs boutiques ou chauffeurs de bus au volant. Qu’est-il advenu des chiens ? Ces « chers communistes », le chenil Éco-équilibre, quelque mafia arabe ou une « sauvagerie bulgare sans limites » seront les suspects provisoires de ce documentaire rocambolesque, lancé dans une fuite en avant dont la mécanique digressive l’apparente aux meilleures fictions.
Antoine Thirion
Vincent Le Port (Stank)
Bojina Panayotova
Pierre Bariaud, Samuel Aïchoun
Xavier Sirven, Bojina Panayotova
Emilian Gatsov
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