Operai, Contadini

Un groupe d’hommes et de femmes de tous âges, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ils construisent de nouveaux rapports au milieu des ruines.

Le texte est en quelque sorte le journal de l’établissement d’une communauté, de ses passions, de ses déchirements et de l’ultime possibilité d’exister dans des conditions hivernales rigoureuses. À ce texte très fort, Straub et Huillet ont offert une nouvelle forme d’existence. Dans cet opéra de verdure, les acteurs « jouent » en quelque sorte la restitution des actes (au sens judiciaire) de cette « aventure », à la manière de l’instruction d’un procès qui viendrait tenter de mettre en lumière les tenants et les aboutissants de cette histoire. Le récit suit alors les différents rebondissements d’une plaidoirie, sans que l’on sache très bien qui est la défense et qui est le procureur. Au contraire, le dispositif brouille les cartes et vient plutôt mettre l’accent sur la possibilité de vivre ensemble envers et contre tout et particulièrement contre l’Histoire. C’est donc à une mise en scène de la dialectique marxiste de l’Histoire que les cinéastes nous convient finalement, une lutte des classes entre frères ennemis qui se résout finalement en une possibilité de relire l’Histoire.
Philippe Gajan (24 images, Mai 2001)