Le Bel Été
Robert, Simon et Sophie vivent au bord de la Manche dans un quotidien d’habitudes. Nessim va entrer dans leur vie, suivi des jeunes Ahmed et Mohammed, que la situation politique de l’Afrique menace. Tous ont traversé la Méditerranée pour se réfugier en France. Ils vont vivre tous ensemble en Normandie le temps d’un été. Le spectateur familier du cinéma de Creton reconnaît le jardin et la maison du cinéaste, devenus scène et décor, pour un été, d’une nouvelle transfiguration de la vie en comédie. Avec Flora, c’est la jeunesse qui jaillit dans la maison, et insuffle au film sa formidable énergie, fraîcheur pop relayée par la musique des Liminanas. Jeunesse d’Ahmed et Mohammed, deux jeunes migrants échoués en Normandie, à qui Simon et Robert offrent leur toit et le partage de leur existence. En contrepoint à l’insouciance solaire et sensuelle des « enfants », la musique du récit oppose la ligne plus lente, grave et questionnante des adultes. Sophie trompe sa solitude en observant Simon et Robert exposer leur couple au risque de Nessim, l’amant africain rescapé de Calais et de la jungle détruite. Depuis La Vie après la mort (FID 2004), Creton fait de sa maison une chambre d’échos du monde, un refuge où s’expérimente une contre-société utopique du soin, de l’humilité et de la douceur. C’est en prenant soin des enfants que les adultes apprennent à vivre avec leurs blessures et leurs désirs. C’est en regardant vivre les adultes que les enfants apprennent à tisser la vie avec la mort. Jamais ce tissu n’a vibré d’autant de nuances et de contrastes que dans ce Bel Été qui, du récit éponyme de Pavese, n’a gardé que la crudité et une lucidité sans angélisme. N’en déplaise aux cyniques, tout y est vrai, tout a été vécu, éprouvé par l’expérience avant d’être réinventé pour le cinéma. Sans discours ni slogan, Le Bel été pratique la plus concrète des politiques : par l’exemple d’une forme de vie, d’existences risquées en commun, dans l’ouvert des rencontres et des aventures. Cyril Neyrat (FIDMarseille, 2019)
Andolfi, Arnaud Dommerc
Pierre Creton, avec l’aide de Vincent Barré & Mathilde Girard
Pierre Creton, avec l’aide de Léo Gil Ména
Michel Bertrou
Pierre Creton
The Limiñanas
Gaston Ouedraogo, Sophie Lebel, Yves Edouard Sébastien Frère, Marie Imbert, Mohamed Samoura, Amed Khroma, Wally toure, Pauline Haudepin, et la participation de : Mathieu Amalric, Ariane Doublet Valery Gaillard, Nicolas Klotz, Ghislaine Paul-Cavallier