A SHORT FILM ABOUT THE INDIO NACIONAL

Un enfant de chœur déchiré entre ses obligations envers les Espagnols et envers ses compatriotes, un adolescent sous la pression croissante de la révolution, un acteur cherchant à échapper à son âme troublée : à travers eux, dans les années 1890, la sanglante émancipation des Philippines de la tutelle espagnole.

Raya Martin ne s’accapare pas une esthétique pour la remixer, il la continue, il en poursuit obstinément les extensions possibles, convaincu de leurs pouvoirs particuliers laissés en friche. Ces pouvoirs particuliers, majoritairement oubliés, sont ceux de l’image muette : sa frontalité, sa poésie fantomatique, ses affordances sonores, son montage, plus conséquent, plus « organique », sa représentation brutale du réel. Ce sont également ceux, plus connus − car survivants − du noir et blanc. Ce sont enfin ceux d’une ancienne forme documentaire, muette elle aussi − on parlait un peu plus haut de Flaherty − constituée de saynètes fragmentaires, d’îlots de situations éparpillés autour du sujet central, sensés donner une image du paysage général par la succession de ses particularités.

Mathieu Macheret (Critikat.com, 2008)