1428
14:28, c’est l’heure où la terre trembla dans le Sichuan. De magnitude 8, le séisme fit des dizaines de milliers de morts et laissa des millions de personnes sans logement. 1428 de Du Haibin est composé en deux tableaux, avec des personnages récurrents, à commencer par l’inaccessible Wen Jibiao, le Premier Ministre, dont la visite de l’épicentre du séisme, à Beichuan, borne les deux volets. Une mère en larmes cherchant les affaires de son fils dans un dortoir, la récupération du métal dans les décombres, le pillage, le chantage, des paysans expulsés, des récoltes perdues, l’organisation des secours… le premier volet montre la survie des victimes dix jours après le séisme. Le deuxième volet, tourné deux cent dix jours après, montre un provisoire qui dure, l’appauvrissement des uns et l’enrichissement des autres, l’écart entre les promesses du Parti et la situation réelle des sinistrés, l’arbitraire des décisions. Dans les deux volets, le film stigmatise une politique brutale, unilatérale, massive et inappropriée. La qualité de 1428 tient à son refus de toute hypocrisie compassionnelle. Pas de jugement ici, pas d’a priori, pas de commentaire, mais une chronique minutieuse des faits et gestes, des choses vues, où les valeurs qui constituent une société se révèlent un bien faible rempart face à un cataclysme. Le chaos est moins physique que moral. Il y a, dans le film, un visage, celui d’un jeune homme hagard, en haillons, fantôme errant de la première à la dernière image : notre double. (Yann Lardeau)
Cnex Limited
Mary Stephen
Xu Chun-Song
Liu Ai Guo
Doc & Film International