A ciel ouvert
« Cette histoire me plaît bien », dit la femme après la lecture du combat de David contre Goliath. Cette lutte du pot de terre contre le pot de fer, c’est un peu la sienne, celle des siens, les Kollas, délaissés par le gouvernement argentin, chassés de leurs terres pour qu’une multinationale, Silver Standard, y exploite, à ciel ouvert, une mine d’argent. Dans les villages, les relations publiques de Silver Standard (des femmes dynamiques, un sourire éblouissant sur les lèvres, le baiser de Judas en prime) balisent le terrain avec un discours bien rodé sur le développement de la région, la protection de l’environnement. Derrière ces âpres négociations, deux conceptions du monde irréductibles s’affrontent. D’un côté une terre qui n’est qu’une matière à creuser, de l’autre, une déesse, Pacha Mama, immense sous le ciel. Personnage premier, omniprésent, du film d’Iñès Compan, la Terre-mère lui donne son souffle, son cadre. Deux scènes résument cet antagonisme. L’une dans les bureaux de Silver Standard, à Vancouver. Un cadre devant son PC, fasciné par le schéma virtuel de l’exploitation de la mine, la transformation, en quinze ans, de la montagne en son envers, un cratère géant. Après ? Après, rien, le néant. L’autre scène est un aparté. Un ancien, las des mensonges des Blancs, entraîne la réalisatrice dans un hangar. Là , des cases à perte de vue. De l’une il extrait une créature. Suspendue par les pattes, la Chose, dans sa pogne énorme, fait piteuse mine. « On les brosse comme ça », dit l’Indien. La laine tombe, un duvet épais, cendré. « Ça c’est de l’or ! 200 $ le kilo. Et c’est inépuisable. » (Yann Lardeau)
Mosaique films; Wide Management; Hamac rouge
Virginie Véricourt
Martin Ducros
Mosaïque Films