A Nossa forma de vida
Elle commente les faits et gestes des passants. Lui fait sa gymnastique en écoutant des chants soviétiques. Du haut de leur tour de contrôle, huit étages au-dessus du Douro, Armando et Maria, octogénaires prolixes, se laissent traverser par le monde comme il va. Et il va plutôt mal – d’un homme qui fouille dans les poubelles aux faits-divers des journaux, c’est un état de la crise contemporaine, et du Portugal en particulier, qui se dessine en filigrane. « À Volgograd, on a visité une digue incroyable », se souvient l’homme quand un avion passe. « – Il nous a abandonnés », résume sa femme : sous l’« ostalgie » de l’époux se fait bientôt jour une guerre des sexes à bas bruit. Le lien de parenté qui unit ce couple au cinéaste (dont ils sont les grands-parents) n’est jamais pris pour sujet du film. Ainsi débarrassée de tout attendrissement familial, la cocasserie de leurs rituels domestiques touche à un humour absurde, tout comme les textes d’Armando, poète à ses heures. Par la subtilité des cadrages et la fausse simplicité du découpage, Marques, monteur expérimenté, donne un souffle épique à des vies qu’on croyait à tort étriquées.
Noland Films
Pedro Filipe Marques; Tomás Baltazar
Pedro Filipe Marques; Elsa Ferreira
Pedro Filipe Marques
Noland Films