A QUE DEVE A HONRA DA ILUSTRE VISITA ESTE SIMPLES MARQUÊS?
Devant ses sept mille ouvrages consacrés à l’Etat brésilien du Paraná puis dans son salon où le regardent ses « chers amis » les portraits, un vieil homme montre dédicaces et signatures, seules marques vives qui subsistent des invités prestigieux qui ont jadis conversé chez lui. « Les peintures défient nos souvenirs », confie-t-il avant que derrière la présentation un peu solennelle d’une somme culturelle ne s’ouvre la chausse-trappe de l’autobiographie. Déjà la veuve de Des œufs de dinosaures dans le salon de Rafel Urban (2011) pointait en filigrane la fêlure entre une mémoire matérialisée dans des objets précis et précieux et l’absence cruelle de celui qui les avait collectés. « Simple marquis » qui accueille tous ses visiteurs en prononçant la phrase du titre, Max Conradt Jr. est quant à lui une figure de collectionneur quintessentielle : son regard pétillant de souvenirs conserve l’élan juvénile d’une époque qui affleure dès qu’il l’évoque, mais son accumulation obsessive de tableaux et de livres s’affaire à combler le trou béant laissé par la perte de ce monde. Les cadrages frontaux et symétriques d’Urban et Keller captent la jointure entre le trop-plein et le vide, dérobant de manière vertigineuse le tapis sous les pieds de la mémoire.
Charlotte Garson
Tu i Tam Filmes
Larissa Figuereido
João Menna Barreto
Elisandro Dalcin
Max Conradt Junior
Tu i Tam Filmes