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A River Runs, Turns, Erases, Replaces

Shengze Zhu
2021 États-Unis 87 min
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Une étude des espaces urbains dans la ville de Wuhan, le long du fleuve Yangtsé. La ville est une scène commune où les individus se produisent de différentes façons. Certains dansent, chantent, nagent ; d’autres manient une pelle, un fer à souder, un marteau. Ce paysage évolutif est continuellement sculpté par la nature et transformé de façon spectaculaire par le rugissement des machines et les immeubles qui ne cessent de s’élever.

Mars 2020, une rue de Wuhan se met littéralement à l’arrêt, des passants stoppent leur route au son d’une sirène. Après quelques instants ils redémarrent et reprennent leur chemin. Comme de nombreuses autres, cette ville s’est arrêtée cette année mais a repris vie. Les courants du fleuve Yang-Tsé, eux, n’ont pas faibli. Le fleuve, qui traverse la ville et la région, sillonne et structure les larges plans fixes du film de Shengze Zhu. Ces images tranquilles laissent le temps à l’exploration et à la prise de repères. On traque les ponts pour retrouver nos marques, la ville se ficelle et se déficelle sous le regard patient de la cinéaste. Changeant peu ses échelles de plans, elle édifie un film de paysages, un film fleuve pour remonter et observer l’anatomie du territoire. Des bêtes sauvages sont proches, on devine qu’un ouragan urbain s’est abattu. Des travaux parsèment les abords du Yang-Tsé, un nouveau pont le couronne, tout change. Pas ses habitants. On les trouve toujours au bord du fleuve : promeneurs, baigneurs, danseurs, travailleurs. L’agitation est discrète dans la ville imposante. À la surface des plans jaillissent des lettres. Elles racontent les deuils récents liés à l’épidémie de Covid et les douleurs des habitants. Des forces plus grandes sont alors en dérive, mais si le fleuve submerge les routes nouvelles, jamais il ne recouvre les souvenirs des histoires suspendues à son cours, infatigable, insurmontable et ses bords accueillent les récits de ceux qui sont passés par là. Et si le visage de Wuhan se défigure, le lit de la rivière n’oublie pas.

Clémence Arrivé

Lire l’entretien avec la réalisatrice sur le blog Mediapart de Cinéma du réel

Production :
Zhengfan Yang (Burn the film)
Image :
Shengze Zhu, Zhengfan Yang
Son :
Shengze Zhu, Zhengfan Yang, Aymeric Dupas
Montage :
Shengze Zhu

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