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ADIEU SAUVAGE

Sergio Guataquira Sarmiento
2023 Belgique, France 92 min Langues : cacua, espagnol, français

Le réalisateur Sergio Guataquira Sarmiento retourne en Colombie pour réaliser un film sur une épidémie de suicides dans les communautés amérindiennes. C’est l’occasion pour lui de renouer avec ses racines oubliées.


On connaît les risques de l’exil : en quittant son pays, on se condamne à ne plus adhérer ni à sa culture d’origine, ni à sa terre d’accueil, à vivre éternellement dans un entre-deux. Sergio Guataquira Sarmiento réinvestit la question en la liant à un exil statique et intérieur : les peuples indigènes de Colombie, comme ceux des autres pays d’Amérique du Sud, n’ont pas eu à quitter leur contrée pour vivre cette expérience douloureuse, seulement à se voir encercler par une civilisation qui a exploité leurs ressources et créé autour d’eux un nouvel ailleurs. Dans la jungle du Vaupés, Sergio, venu de Belgique où il vit depuis des années, rencontre Laureano, membre du peuple cacua qui parle aussi l’espagnol et se propose de l’accueillir dans son village. Paradoxe : son nom à consonance indigène avait valu à Sergio les brimades de ses camarades de classe, mais ici, il est vu comme un Blanc.
Auprès de ces familles vivant de façon autosuffisante, sa présence est superfétatoire. Tout au plus peut-il apporter à ses hôtes un mot absent de leur vocabulaire : « nostalgie ». Ce sentiment doux-amer présent d’emblée dans les mots de Sergio, pleins d’autodérision, comme dans les délicates nuances de gris de la photographie, finit par étreindre le film tout entier. Mais avant de repartir pour son exil éternel, Sergio aura au moins pu échanger avec Laureano comme on ne le fait qu’avec un ami, en observant la cime des arbres depuis une montagne, avant que les contours de ce paysage immémorial soient engloutis par le soleil couchant.

Olivia Cooper-Hadjian

Lire aussi l’entretien avec Sergio Guataquira Sarmiento.


Sergio Guataquira Sarmiento

Sergio Guataquira Sarmiento est né à Bogota, le 5 avril 1987. Rien ne le prédestine au cinéma et pourtant à 19 ans, il quitte son pays pour l’Europe et s’inscrit aux Beaux-Arts de Poitiers le temps d’obtenir un visa étudiant. C’est durant ses études qu’il se rapproche du cinéma et qu’il tente le concours d’entrée à l’IAD en Belgique, avec succès.
En 2018, son film de fin d’études, Simon pleure est repéré et circule abondamment dans les festivals.
Entre burlesque et clown triste, résignation et férocité, Sergio Guataquira Sarmiento souhaite rendre honorable le sentiment de tristesse qui est trop souvent réprimé par la culture latino-américaine.
Il vit actuellement à Bruxelles, en attente de régularisation.

Production :
Fox the fox (Micha Wald), Grand Angle Productions
Image :
David Garcia
Son :
Nicolas Pommier
Montage :
Noé Bries Silva
Musique :
Clémentine Pacalet
Contact copie :
Cba - Centre De L'audiovisuel À Bruxelles - promo@cbadoc.be

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