EL OJO DEL TIBURON
Malgré son cadre posé et le rythme serein de ses saynètes, El ojo del triburon marque la fin d’une enfance : cet été, Maycol et Bryan, deux amis de Greytown (Nicaragua), délaisseront la chasse au lance-pierres dans la forêt pour apprendre un métier, la pêche au requin, dont le père de Maycol semble l’un des derniers représentants. Alejo Hoijman capte avec une grande finesse l’atmosphère à la fois idyllique et sereine, entre mer et forêt vierge, d’un quotidien dont le rythme apparemment calme, voire ennuyeux (les sujets de conversation favoris restent les Nike ou le téléphone portable) est troué de part en part par une violence récurrente. À la présence étrange de militaires qui semblent la risée de la population (successeurs du passé sandiniste du père), s’ajoute un no future social que Maycol résume avec un humour cinglant : il prétend vouloir devenir juge, « pour blanchir de l’argent et travailler pour les narcos, puis acheter un cartel »… Entre consumérisme, rodomontades de jeunes coqs et difficile apprentissage de leur premier vrai travail, on ne sait ce que deviendront les garçons mais le beau dernier plan du film montre que dans leur initiation, la présence de la caméra n’aura pas été anodine. (Charlotte Garson)
Gema Films, Astronauta producciones
Alejo Hoijman
Manuel de Andrés, Nano Fernandez
Gaston Girod
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