En permanence
A Guingamp, le quotidien d’un centre médico-social : femmes battues, SDF, toxicomanes, chômeurs, enfants placés, entretiens, dossiers, thérapies de groupes, aide juridique, réunions de bilan… La maladie, les problèmes de famille, les difficultés financières, la dépression, la solitude conjuguent leurs nuisances pour détruire les personnes et leur interdire toute possibilité de réinsertion. La tâche semble insurmontable. Et elle l’est d’une certaine façon, tant on sent ici, dans le statisme des situations, l’immobilisme de la société. Le seul moment de délivrance vient d’une intervention extérieure, imprévue, une femme soudain joyeuse parce qu’elle a rencontré l’amour et pu par la même occasion quitter son mari. Pour le reste, il faut avoir un moral de sage. Malgré les obstacles et les handicaps, les échecs et les doutes, le personnel s’accroche, se bat, conseille, réconforte et trouve même parfois, au milieu de ce grand désordre et de tant de détresse, l’occasion de rire. Car de l’humour aussi, il en faut. Sur le fronton de ce « Centre Médico-Social », la lettre C est tombée. Le bâtiment est sombre et ne paie pas de mine, comme s’il fallait le rendre le moins visible possible. À l’intérieur par contre, pas la moindre ombre, pas la moindre décoration, des cloisons nues et une lumière crue, écrasante, si dure qu’elle flashe les visages, même si on les filme en gros plan, le seul cadre permis ici, comme si la société ne concevait l’octroi de son aide à ceux qui la sollicitent qu’en leur retirant préalablement leur dernier bien : un miroir où ils pourraient s’aimer. (Yann Lardeau)
Aligal Production, France 3 Ouest
Aligal Production
Sylvain Bouttet
Sylvain Bouttet
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