Fora da vida
Lorsque l’on gagne le salaire minimum, comment dépense-t-on le peu d’argent que l’on gagne ? Les réalisateurs ont développé dans de précédents travaux une familiarité avec Isabel, Monique et Miguel, dont ils saisissent ici les vies (presque) parallèles à leurs moments perdus, leur « temps libre » comme on dit, même si l’épithète est parfois peu appropriée. Monique, immigrée brésilienne trentenaire qui enchaîne les petits boulots, a pour projet de faire une thèse. Isabel cuisine pour des clients privés qui tardent à la payer tandis que son bailleur augmente le loyer. Miguel, père célibataire qui tente tant bien que mal de « caser » son bébé chez ses beaux-parents quand il trouve du travail à Lisbonne, se replie sur une attitude de fils adolescent une fois franchi le seuil de l’appartement maternel. Chacun à sa manière bute sur le manque d’argent, une restriction qui nous apparaît plus que jamais comme injuste. La précision des plans et des cadrages évite pourtant ici tout misérabilisme ; sur une durée pourtant courte, les sphères domestique, professionnelle et amicale sont traversées, comme autant de cercles qui structurent les vies, les font tenir. Plutôt que de postuler abstraitement une solidarité de classe, le film la fait advenir dans son montage qui, petit à petit, fait se croiser les trajectoires. (Charlotte Garson)
Filipa Reis; Vende-se Filmes; Best XX-I
João Miller Guerra; Filipa Reis
Ruben Costa
Vasco Viana
Filipa Reis