HOUSE OF LOVE
Trois panoramiques circulaires se succèdent dans trois intérieurs. La caméra, posée au centre de la pièce, enchaîne les rotations. À chaque plan est associée une pièce musicale, qui remplit de sa pleine durée l’espace sonore. Si image et musique s’accordent ainsi, c’est que Creton a posé sa caméra sur un tourne-disques, parfait pied motorisé. Simple et géniale opération, qui fait du disque une caméra, qui dote la musique du pouvoir d’enregistrer le passage du temps et des êtres, les variations du visible au fil de son écoute. Car une multitude d’événements viennent accidenter la rotation monotone : variations de la lumière, mouvement de la végétation dans le vent par la fenêtre, libre et pleine présence des animaux, passages furtifs d’humains comme des spectres. Ombres et reflets des vivants et des morts, également présents et absents entre les murs qui ont gardé le souvenir de l’amour, d’heures passées à s’étreindre ou à écouter des disques. […]
À chaque tour de la caméra, un monde intime illimité naît, meurt et ressuscite. Les maisons de l’amour sont aussi des monuments aux morts, passés ou à venir. Sexe et mort, chambre secrète où se nouent art et vie. Ascèse, régularité, retrait : cette forme nouvelle est aussi celle de la pudeur nécessaire à qui se risque sur le seuil d’une telle chambre.
(Cyril Neyrat, fidmarseille.org, 2021)
Séance consacrée à Pierre Creton suivie par une discussion entre Pierre Creton et Catherine Blangonnet-Auer, rédactrice en chef de la revue Images documentaires.
Ecouter la discussion :
sur Deezer
sur CANALREEL
Pierre Creton
Pierre Creton
Pierre Creton
Pierre Creton
Pierre Creton