In Purgatorio
Le Purgatoire n’est pas au ciel – il est sur terre. À Naples. Il a ses lieux (des cimetières, des fosses, des troncs, des alcôves, des niches, des crânes, objets de dévotion, de prières et de dons), ses heures (les rêves). Autant de portes par lesquelles les morts communiquent avec les vivants, exaucent leurs vœux, les avertissent d’un danger – et parfois donnent le loto gagnant… Dans les rues de Naples, on y croit dur comme fer. Chacun a son miracle à raconter – ou sa malédiction. Ce sont des histoires à dormir debout, des rêves éveillés, des songes émerveillés, un livre éparpillé dont chacun ici détient une page, un théâtre d’ombres qui se lève devant nous à chaque récit et s’éteint avec lui dans la pénombre des églises, aux abords des tombes, sur fond de crânes empilés, les uns sertis de chapelets, coiffés de toiles d’araignées, gravés d’un doux prénom, les autres sagement endormis dans leur châsse de verre, au milieu d’une masse d’anonymes. Le cimetière des Fontanelle offre son cadre somptuaire, sa scène baroque à cette singulière méditation sur l’au-delà, à la fois locale et universelle, où le catholicisme renoue avec les Enfers du paganisme et le monothéisme se pare des archétypes et des rituels de l’animisme, où enfin, les femmes chérissant les morts de la grande peste de 1656 comme leurs enfants, toute frontière entre le passé et le présent, entre la mort et la vie, est abolie. Dans ce dédale de passions secrètes, intimes et collectives, piétons et touristes errent d’un pas hésitant, le visage trouble, le regard anxieux, âmes errantes à la recherche de leur voie. (Yann Lardeau)
Teatri Uniti; Zeugma Films; Qwazi qWazi filM
Giovanni Cioni; Massimiliano Pacifico; Davide Santi
Daghi Rondinni; Alberto Paodan
Marcello Sannino
Zeugma Films