Je suis japonais
Je suis Japonais commence par un cliché qui vaut comme un avertissement : des Japonais entassés comme des sardines dans le métro de Tokyo et dans cet agrégat de corps un wagon exclusivement féminin. Le Japon insolite de Je suis Japonais ne l’est peut-être pas tant que ça. Il se pourrait que ce soit un leurre. Un club de gigolos, à des années lumières des costumes à la T’ang des geisha, son jeune PDG, ex-« host » lui-même, qui a fait sienne la formule de Lemmy Caution, « whiskies, cigarettes et petites pépés », des adolescentes apprenant des danses occidentales après l’initiation à la cérémonie du thé et à l’art des bouquets, Je suis Japonais est une réflexion sur le façonnage de l’homme et l’illusion de liberté qui le pare, où l’accent est davantage mis sur les ressemblances entre civilisations que sur les différences. Où qu’on soit, en France ou dans l’Empire du Soleil Levant, il n’y a pas de personne sans modèles culturels, de sujet sans dispositif, d’homme sans dressage. Déjà Samuel Fuller, dans House of Bamboo nous avait dévoilé, en un raccord saisissant, les rêves cachés des jeunes Japonaises derrière leur éventail : les rythmes diaboliques du boogie-woogie. Je suis Japonais nous conduit dans un Japon aux antipodes de L’Empire des signes, d’où il ressort, en plein milieu de la profonde crise identitaire qui traverse notre pays, que les Japonais sont Français. (Yann Lardeau)
Karé Productions
Ariane Mellet
Noriyuki Yamane
Christophe Orcand
Karé Productions