Jour de marché

« Je me souviens du marché de mon enfance, à Payerne dans la campagne vaudoise. Je me souviens de ce petit marché où les paysannes de la région venaient vendre quelques légumes et quelques œufs. Aujourd’hui, mon marché est celui de Vevey. Pendant un an, j’ai suivi quotidiennement le travail et les loisirs d’une “pêcheuse” (profession exercée de père en fils et en fille depuis 500 ans), d’un champignonneur italien, d’un maraîcher (chanteur d’opérette à ses heures) qui a tout misé sur la culture biologique, d’un couple d’horticulteurs, d’une vieille paysanne de 91 ans, présente sur le marché tous les samedis de l’année avec son fils de 61 ans, d’une marchande de volaille, d’une Camerounaise qui écoule les fruits de son village natal et d’une famille d’agriculteurs-maraîchers qui proposent sur leur banc aussi bien des confitures, de la laitue que de la viande de veau issues de leurs exploitations. Tous vivent du travail de leurs mains. Tous ont reçu un métier, un savoir-faire en héritage. Ils sont appelés à disparaître comme leurs semblables dans le monde, victimes d’une globalisation des marchés. » (J. Veuve)