LA MAISON DE LA RADIO

Plus de vingt ans après La Ville Louvre, Nicolas Philibert part à la rencontre d’un autre « lieu-monde », d’une ville dans la ville, sans pour autant rechercher l’exhaustivité sociologisante et didactique de cette ruche qu’est la Maison de la Radio. En plongeant au cœur de Radio France, le film interroge notre rapport au monde : comment délivrer une idée, comment parler ? Lorsque le stagiaire flash-info se voit enseigner que chaque virgule compte et que son sourire encore candide ne sauvera pas ses faiblesses de syntaxe à  l’antenne, l’enjeu de la radiophonie est ainsi retenu. Comme une évidence, elle s’impose en tant que mémoire collective auditive, un ensemble de sons, de voix, de jingles si familiers dont nous nous nourrissons, sans nécessité de « voir ». Peut-être parce que cette invisibilité nous permet de voyager à  travers les couches de la société, et de nous identifier imaginairement à ceux qui parlent. C’est par la truculence et l’ingéniosité du montage que Nicolas Philibert nous amène le temps d’une journée au sein de cette « fabrique du son », glanant des situations où des regards entre animateurs et invités, des prises d’antennes à l’arrachée, des épreuves dans l’infinie rigueur et minutie de la prise de son, font qu’un monde sans visages prend corps. Par son exploration sous forme de voyage, La Maison de la Radio nous offre, en « traversant les murs du son », la jubilation d’accéder à ce hors-champ sonore du réel. (Aurélien Marsais)