Lélé et l’an 2000

« 50 m2 d’un appartement petit-bourgeois début de ce siècle à l’ombre du métro aérien… Sur ce territoire règne Léonce Fischer, 95 ans, veuf depuis six ans… Dit Lélé par sa maman, Léo par sa femme et Papa par sa fille unique… C’est à  dire moi : Nadine Fischer, 57 ans, célibataire sans enfant, et à la caméra… En effet elle a (j’ai) décidé de filmer ça, c’est-à-dire l’humaine comédie qui se joue dès l’instant précis où j’ouvre la porte d’entrée et où je referme le verrou à  double tour sur l’univers de Lélé… Cet univers ? comme tout univers, mais y a-t-il plusieurs univers, là n’est pas la question, si, un peu quand même ? cet univers, donc, se partage entre les particules élémentaires, ses devoirs envers ses parents et les miens envers lui, la lecture commentée du Monde, les femmes, mal nécessaire et insondable mystère, les colonnes du cahier de comptes et les chiffres divins, les surgelés, remède au veuvage et à la vache folle, la surveillance de la chaudière-vestale… Nos chamaillages et nos marchandages… Ses rêves perdus… Et mes vagabondages… » (Nadine Fischer)