Les Films rêvés
S’il est certain que jamais un coup de dé n’abolira le hasard, il est tout aussi sûr qu’un coup de dé suffit à abolir le réel. Du Mahbhrata à La Passante de Baudelaire, de Jean Rouch à Edward Curtis, de Christophe Colomb à Magellan, des lueurs de Cuba à la Terre de Feu, des Tahitiennes de Gauguin à la statuaire de l’île de Pâques, de l’Histoire des Indes de Las Casas aux voyages inventés de toute pièce, des baisers volés de Cléopâtre à la Sirène de Copenhague, de l’Odyssée aux chants des peuples du monde catapultés au-delà de la galaxie par la sonde Voyager, Les Films rêvés n’est en aucune façon un inventaire nostalgique des films à faire, ni même un catalogue d’histoires plus captivantes les unes que les autres, mais l’interrogation persistante d’une instance unique à la fois composante essentielle de la personnalité, sans laquelle le regard est aveugle, condition du développement de l’humanité et source de toute création artistique : le rêve – et son corollaire : le paradis. Pas de voyage autour du monde sans son double préalable dans le songe. L’imaginaire seul crée la vie – quand il ne la sauve pas. Extraits de films précédents de l’auteur, images empruntées, fragments de fictions et clins d’œil à Hollywood, on voyage beaucoup dans Les Films rêvés, mais ce sont des voyages en trompe-l’œil. Tout ici se concocte au fond d’un jardin, dans une cabane bleue, à partir de fiches, de brèves de journaux, de cauris, de lettres conservées au fond d’une boîte à cigares, de photos apposées au mur, de reproductions de peintures, de cartes du rêve, de fossiles – happy Blue Mary. (Yann Lardeau)
Ulrike
Rudi Maerten
CBA / Centre de l'Audiovisuel à Bruxelles