Los Animales
« Les animaux ont disparu de la vie quotidienne. Ils ont été déplacés dans des endroits faits exprès pour les confiner. Parfois, nous sentons leur présence. » À la manière du faisceau de torches qui traverse un zoo la nuit, transformant les captifs en apparitions surnaturelles, Los animales parcourt les différents états d’une présence animale résiduelle. Le choix radical de représenter la ville de manière stylisée suggère ce qui s’y trame : une déshumanisation à bas bruit dont la mise à l’écart des bêtes n’est sans doute que le prologue. Avec une économie de moyens (décor, lumière) qui sert cette ambiance presque apocalyptique, Paola Buontempo inverse le rapport de regard entre les animaux – capturés, mais aussi empaillés ou muséifiés – et l’homme qui les a ainsi objectivés. Leurs yeux, dans leur fixité presque morte, demeurent mystérieusement expressifs – c’est ce qui avait troublé le poète Rainer Maria Rilke devant la panthère du Jardin du Luxembourg. Jamais de dénonciation, ici, mais une puissante activation du malaise que provoque tout regard-caméra.
Nadia Estebanez; Festifreak Produce
Paola Buontempo
Vanina De Acetis
Marcelo Tonini
Festifreak Produce