Los Árboles

Les « arbres » du titre sont ceux qu’a plantés Macias, le grand-père du cinéaste, paysagiste et jardinier hors-pair qui a créé un bois dans les montagnes argentines des environs de Côrdoba, « El Silencio ». À la mort du nonagénaire qu’il n’a que peu connu, Mariano Luque en profite pour rencontrer les enfants qu’il a eus d’un deuxième lit. Il explore aussi un lieu dont le romanesque lui a été conté par ses tantes, un éden déjà perdu puisque la descendance nombreuse de Macias s’en est séparée. Le film porte l’empreinte délicate d’une affection nouvelle, quoique diffuse, pour les jeunes cousins qui viennent régulièrement entretenir le cèdre sous lequel les cendres du mort reposent. Le plaisir de filmer la nature se mêle à la conscience que ces lieux ont été modelés par la main d’un homme « toujours désigné par son nom de famille, comme une marque ». Démiurgique, la présence-absence d’un aïeul bigger than life ajoute au vertige généalogique (les dernières filles du grand-père sont plus jeunes que le petit-fils). Observant une famille qui n’est pas tout à fait la sienne, Mariano Luque invente un nouveau genre de film de famille qui oscille avec grâce entre première et troisième personne, entre méfiance et admiration, entre portrait et paysage. (Charlotte Garson)