Mourir ? Plutôt crever !
« Mourir ? Plutôt crever ! », telle est l’épitaphe que voudrait inscrire sur sa tombe Siné en l’ornant d’un doigt d’honneur – mais le caveau à urnes est une copropriété et les copains hésitent. Toujours à la pointe de la provocation, le dessinateur se retrouve soudain seul. La scène est cocasse, elle n’en souligne pas moins un trait majeur de la personnalité de Siné qui explique les nombreux rebondissements de sa carrière. Mourir ? Plutôt crever est un portrait riche en facettes de Siné, balisé par son licenciement de Charlie Hebdo et son procès suite à une note sur le mariage de Jean Sarkozy. À 80 ans, Siné bat en retraite mais ne plie pas : le lancement et la promotion de Siné-Hebdo, conçu et monté à domicile, servent de toile de fond à l’évocation d’une vie riche en scandales et procès, des dessins de L’Express sur la Guerre d’Algérie à Hara Kiri en passant par L’Enragé. Dans cette évocation du passé, bercée de jazz et de salsa, quelques personnalités de choix s’invitent : Fidel Castro, Mao, Malcolm X, Jacques Prévert – et, bien sûr, les chats à plume et à poil. Rebelle avec causes et sans tabous, anarchiste réfractaire à toute forme d’autorité et d’interdit, Siné n’a cessé de pourfendre, tout au long de sa vie, l’armée, la police, la religion et ses prêtres, le racisme, la corrida. Le trait est féroce, nécessairement excessif, au risque (assumé) de se prendre parfois les pieds dans le tapis. La liberté est à ce prix. Dans le procès qui l’oppose à la LICRA et à Bernard-Henri Lévy, Siné retrouve un ennemi de toujours : la censure. (Yann Lardeau)
Iskra
Françoise Bernard
Patrick Genet; Frédéric Bures
Stéphane Mercurio
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