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Niblock’s Sound Spectrums – Within Invisible Rivers

Thomas Maury
2019 France 110 minutes Français; Anglais

La première vertu du film est d’accorder à la musique de Phill Niblock le temps requis par son écoute. âgé aujourd’hui de 85 ans, Niblock est l’un des plus infatigables ambassadeurs de la musique minimaliste américaine, tendance stase psychoactive (La Monte Young, Charlemagne Palestine), plutôt qu’hypnose arithmétique (Steve Reich, Philip Glass). Ses longues étendues de son, toujours semblables mais toujours changeantes, sculptent le temps comme Warhol, Akerman ou Benning l’ont fait avec le secours supplémentaire de l’image. Niblock est d’ailleurs lui-même cinéaste, ayant observé dès 1973, aux quatre coins du monde et sous le patronage des Lumière, la mécanique des gestes du travail – The Movement of people working. Ses images comme ses interminables accords creusent dans l’œil et dans l’oreille une profondeur qui explique, peut-être, sa singulière quiétude entre les quelques mots qu’il offre ici à Thomas Maury. D’autres (Eliane Radigue, Jim O’Rourke, Alan Licht), plus loquaces, ont beaucoup à dire à son sujet. Mais Niblock’s sound spectrums, quand il n’offre pas le lit de ses propres images aux rivières sonores de Niblock, est aussi, lui-même, un film sur le travail. La concentration monacale du sculpteur de son, dans l’atelier où il cisèle une note unique en compagnie de son héritier Stephen O’Malley, dit mieux que tous les mots la beauté de ce modeste et précieux artisanat de la transe.

Jérôme Momcilovic

Production :
Thomas Maury
Image, son, montage :
Thomas Maury
Musique :
Phill Niblock
Contact copie :
Thomas Maury

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