Nofinofy
« Coiffeur, c’est un des plus beaux métiers : tu touches la tête d’un autre être humain. » Ce faisant, Roméo semble en extraire aussi des peurs, des colères, et ces rêves qui donnent leur titre au film. Huis-clos itinérant, Nofinofy suit cet artisan qui cherche à trouver enfin un lieu digne où exercer son art, et se déplace en attendant d’un quartier de Tamatave à un autre, de cabane en cabane. Ce qui ne change pas, au fil des mois, c’est que le salon de coiffure de Roméo reste un lieu de vie où des hommes (principalement) se retrouvent, boivent un verre, se racontent des blagues ou discutent très sérieusement de l’avenir de Madagascar. Car le dehors pénètre ce cocon, à travers les discours d’hommes politiques entendus à la radio, que les clients décortiquent en se demandant pourquoi ils se laissent piétiner. La précarité géographique du salon de coiffure reflète celle de ces êtres qui se demandent comment se situer dans une société corrompue et injuste, où travailler ne suffit pas à gagner sa vie. Les spectres des addictions et de la délinquance hantent le film, menaçant de faire basculer des situations déjà fragiles. Au détour d’une conversation avec son jeune fils, témoin de la violence ambiante, on apprend que Roméo a lui-même connu la prison. Au fil du temps, le cinéaste se laisse un peu découvrir lui aussi, s’immisce discrètement dans le cadre pour offrir sa tête à Roméo, et rendre à son ami un peu de l’écoute et de l’attention que celui-ci offre quotidiennement à ses clients.
Olivia Cooper-Hadjian
Sylvie Plunian (Les Films de la pluie), Michaël Andrianaly (Imasoa Film)
Michaël Andrianaly
Wilfried Andrianjara
Denis Le Paven
Nonoh Ramaro
Les Films de la pluie, contact@lesfilmsdelapluie.fr