Ouvrier, c’est pas la classe
En 1971, Sochaux était un village de 3000 habitants. Des cars faisaient chaque jour le trajet entre les usines et les cités construites pour loger les 35000 salariés. Le monde Peugeot s’étendait sur un périmètre de 60 kilomètres. On y entrait à l’âge de 18 ans, pour trente, quarante, cinquante ans. Puis, devant la dureté du travail des pères, les fils ont commencé à « vouloir se dégager de cette image d’ouvrier ». « Les jeunes ont une méconnaissance incroyable de l’histoire de la classe ouvrière ! » Ce constat d’une opératrice de fabrication, employée depuis plus de 30 ans chez Peugeot résume à lui seul l’incompréhension entre les deux générations. La désillusion scolaire règne. Pour quelques-uns qui sont devenus ingénieurs, beaucoup d’autres quittent les bancs de l’école pour entrer, sans diplôme, dans la vie professionnelle. Mais aujourd’hui l’entreprise ne recrute plus que des intérimaires, prestataires extérieurs. Corvéables à merci, un jour opérateur en chaîne, un autre cariste ou au ravitaillement, ils ne progressent pas. Comme le souligne le directeur des ressources humaines de ce site de Peugeot « les gens ne pensent pas… » Pour contredire cette affirmation, il faut entendre ces femmes et ces hommes que l’on nommait autrefois ouvriers.
Ina; France 5
Ina
Isabelle Martin
Francisco Camino
Philippe Costantini; Patrick Jan