PARADIS PERDU
Un riche tombe amoureux d’une travestie stripteaseuse et lui donne les moyens de réaliser ses désirs ; avec ses copines travesties également, elles inventent des histoires ; celle entamée avec le riche finit mal : elle retourne au trottoir (sans regrets). (F.P.)
La chanteuse Marie-France et la future journaliste Hélène Hazera sont les reines d’un cabaret sauvage où le féminin s’exhibe comme un montage hasardeux d’apparats. Loin de tuer tout érotisme, le kitsch constitue en soi une érotique qui fait la nique aux assignations sexuelles qui sont d’autres naturalisations. Issues du FHAR (le Front homosexuel d’action révolutionnaire) à l’initiative de Paquita Paquin et Maud Molyneux, elles se faisaient appeler en 1972 les « gazolines » et leur copine les filme avec la même fantaisie que le Douanier Rousseau peignait les animaux peuplant ses songes tropicaux. Les gazolines crient, surjouent, chantent en play-back et se prostituent. Elles font les folles en n’oubliant pas ce que racontait déjà Jean Genet dans le séminal Notre-Dame Des Fleurs (1942). Mi-végétales, mi-animales, elles brouillent les frontières de ce qu’on n’appelait pas encore ici le genre ou le queer en montrant avec un humour « camp » venu de l’underground US que le féminin est une parade, un exotisme aussi toc que le bric-à-brac colonial que charrie « Prière à Zumba » de Lucienne Delyle. Le « trouble dans le genre » est un charivari dans la jungle parisienne, travestissements et autres déguisements, des peaux de bête. Et les cuirs noirs des loulous qui bombent le torse et font des bras de fer dans les bars en sont d’autres.
Franz Biberkopf
(Des nouvelles du front, https://nouvellesdufront.jimdofree.com/)
Marie France, Hélène Hazéra, Alain Aptekman, Jacques Kebadian
IDHEC
Elèves de la 28e promotion de l’IDHEC
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