Parsi
Traduit en créole bissau-guinéen, « parece » donne « parsi ». Imaginé à partir du poème cumulatif de son compatriote Mariano Blatt, dont tous les vers commencent par un « parece que » (on dirait, il semble que), le film d’Eduardo Williams en saisit la force d’incitation – littéralement, faire se hâter. Ici un amoncellement d’impressions et d’idées, là, des images qui s’entrechoquent et tournoient à une vitesse étourdissante. Entre elles, aucun rapport d’illustration : Williams tourne loin d’Argentine et des choses familières, intimes, politiques que Blatt désigne, dans une Guinée Bissau qu’il ne connaît pas a priori mais qu’un film lui donne l’occasion d’explorer. Cette indétermination essentielle commande d’étendre en retour un rapport fluide de complicité et de sympathie à toutes les personnes impliquées dans la fabrication. Lu off, le texte de Blatt imprime sa précipitation à des plans tournés par les acteurs mêmes qui, comme dans les autres films de Williams, déambulent dans leurs quartiers par tous moyens de locomotion à un rythme de plus en plus effréné, manipulant eux-mêmes la caméra dans un circuit réservant mille surprises. Parsi pourrait qualifier l’étonnement que chaque film de Williams suscite : le spectacle d’une constante ébullition d’idées, l’expérience d’une joie simple devant un monde qui s’offre à nous sous une apparence nouvelle, d’un rapport primitif au cinéma où vibre une interrogation quant à la manière dont tout cela a été filmé.
Antoine Thirion
Nahuel Pérez Bizcayart, María Victoria Marotta, Jerónimo Quevedo
Ivandro Cá, Vadinho da Costa, Edmilson Djú, Alfa Kalido Baldé, Richar Dias, Diomedes S Djú, Janaina Casimiro Ié, Nadi Ouadé, Brigila Chico Cá
Simón Apostolou
Eduardo Williams
Eduardo Williams