Self-Portrait: At 47 Km
À l’été puis à l’hiver 2010, la réalisatrice Zhang Mengqi revient dans le village de ses aïeux, à 47 kilomètres de Suizhou, dans la province du Hebei. Son film est une contribution au Folk Memory Project, destiné à collecter la tradition orale. Mais sous le vernis du devoir de mémoire, l’intranquillité du filmage et l’apparition d’une pièce de danse sur le même thème révèlent bientôt l’âpreté toute personnelle de sa démarche. Drôle de retour : le père s’est enfui d’ici à 20 ans, la cousine de 3 ans ne la reconnaît pas, le grand-père est presque sourd… Et surtout, les vieux villageois rechignent à raconter la famine de 1958-60. « La catastrophe naturelle de trois ans » sera peu à peu reformulée en tabou du Parti. « On a payé notre dette à l’URSS, notre nourriture nous a été prise… », lâche le grand-père, laconique. Au tabou historique fait écho dans la sphère familiale l’absence criante de la génération des parents : que peut signifier pour la cinéaste un « autoportrait » en un lieu où chacun ne voit en elle que la fille de son père ?
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Mengqi Zhang
Mengqi Zhang
Wenguang Wu