Vivere
Dans la vallée du Tramazzo, en Emilie-Romagne, Paola revient dans le village de son enfance pour rendre visite à sa mère Ede. La bienveillance qui émane de sa conversation en voiture avec la cinéaste semble contagieuse. Elle décuple en effet lorsque l’on rencontre « Mamona », à la gaieté immuable, cultivant son jardin ou évoquant ses jeunes années avec la voisine. Huit ans durant, Judith Abitbol filme les séjours de Paola, qui, souvent à l’étranger, remarque les changements du paysage local. De la cueillette des cèpes à la mise sous housse des couvertures avant l’été, le film capture la joie de vivre de celles qui se retrouvent, les chansonnettes fredonnées, les pas de danse esquissés en pleine rue. Quand les symptômes de la maladie d’Alzheimer d’Ede se font sentir, le tournage au long cours les intègre sans heurt, avec la même sollicitude que son entourage. Les paroles d’une chanson reviennent dans la bouche d’Ede : « J’étais paysanne… » Celle qui perd la mémoire semble s’en créer une autre, et le film de restituer avec pudeur ce qu’il reste de possible, de surprenant, dans cette vie altérée. L’intensité vibrante du lien filial n’apparaît jamais mieux que dans le plan où Paola tient une pelote qu’Ede rembobine de son côté – comme par hasard, c’est aussi le mouvement d’une bobine de film… (Charlotte Garson)
Godot Production; Triune Productions Ltd.
Cyrielle Thélot; Judith Abitbol
Judith Abitbol
Judith Abitbol
Godot Production