Zentralflughafen – THF
Par une ironie de l’Histoire, l’aéroport berlinois de Tempelhof, destiné par Hitler à jouer un rôle important dans le réarmement du Reich, est devenu en 2015 un centre d’hébergement d’urgence pour les demandeurs d’asile, entouré d’un vaste jardin public. De cet emboîtement historico-topographique, Karim Aïnouz fait ici son miel : des plans très larges captent les changements du ciel sur ce paysage ouvert tandis qu’en voix off, le jeune Syrien Ibrahim Al Hussein raconte de l’intérieur la restriction des mouvements et des perspectives que lui impose son exil. « Je vivais dans une grande ferme, avec mille arbres, des oliviers, des pommiers, des figuiers… La campagne me manque. » La description élégiaque du pays laissé derrière soi tranche avec la promiscuité dans les hangars, où les chambres familiales préfabriquées sont dépourvues de portes, « à cause des incendies ». Le tournage étalé sur plus d’un an restitue la métamorphose d’un lieu temporaire en ville miniature où tout un peuple de travailleurs médicaux et sociaux, avec son cuisinier, son enseignante d’allemand ou son coiffeur, contribue à rendre plus tolérable la vie contrainte des personnes qui attendent un « verdict » – l’expulsion ou le statut de réfugié. Épousant cette transformation, le film glisse d’un point de vue général à celui du journal intime adolescent. Cinéaste expérimenté, Karim Aïnouz s’essaie pour ce sujet précis au documentaire direct ; la patience des hommes et des femmes qu’il filme lui sert de boussole. (Charlotte Garson)
Mar Filmes, Lupa Film, Les Films d'Ici
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