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Altiplano de Malena Szlam

Altiplano ne réinvente pas seulement le film de paysage. Il fausse compagnie à la quiétude du promeneur, et convoque un théâtre perturbé, instable, dont on chercherait à reconstruire le décor et les couleurs.

Décor antique du moins, comme la feuille de décor : surface plane qui est finalement la matière même du cinéma, éternellement privé de l’intériorité du monde, et d’une troisième dimension qu’il ne cesse de rechercher. Aussi peut-on se demander si Malena Szlam n’admet pas l’échec de l’outil-caméra à transpercer la surface, dont l’alternative serait peut-être d’empiler les plans, superposer les reliefs et travailler les échelles pour atteindre la profondeur. Imaginer ce qui bouillonnerait plus loin que nos yeux ne peuvent le percevoir.

Altiplano est-il une promenade dans l’espace, ou la démence d’une géographe voyageant dans l’Histoire altimétrique de la Cordillère des Andes ? Mystère aussi grand que celui de savoir si le son évoque les pas d’un promeneur à altitude zéro, ou les échos d’un bouillonnement profond, plus ancien.

Mais curieusement, le film est le plus émouvant lorsque les plans construisent un point de vue à taille humaine, et se contentent d’esquisser le bleu du ciel, ou les rides d’un sol. Comme si par le plus simple regard, Malena Szlam accomplissait ce grand fantasme de stratigraphe : n’avoir qu’à baisser la tête pour traverser les âges, et la lever pour rêver d’un temps où les montagnes seraient plus grandes encore.

– Charles Herby-Funfschilling

  • Prochaine projection : mardi 19 à 19h