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Nofinofy de Michael Andrianaly

Nofinofy, ou le « rêve », c’est, pour Roméo, parvenir à ouvrir un beau salon de coiffure dans lequel exercer dignement son métier, mais aussi celui d’ un avenir meilleur pour son île de Madagascar. Du premier salon qu’il est contraint de quitter, jusqu’au terrain tant désiré, en passant par la cabane de fortune dans laquelle il s’installe provisoirement, autant de lieux de réunion où les langues se délient, où le dialogue naît, et où un lien social se crée entre les hommes qui s’y croisent. Souvent la radio et les bulletins d’information accompagnent ces dialogues naissants, comme une toile de fond permettant parfois de mieux les contextualiser. Des plans récurrents des différents clients dans le miroir de la coiffeuse introduisent également de nouvelles interventions, presque à la manière de scénettes. Qu’ils soient clients, amis de Roméo, ou même sa propre famille, différents représentants de la population défilent dans son salon, et de nombreuses thématiques sociales sont abordées : rumeurs et délinquance, emplois et salaires, prostitution, politique, avenir… Autant de confidences que Michael Andrianaly réussit à capter avec un naturel impressionnant, et très souvent par l’intermédiaire de Roméo, oreille attentive de toute une population. La caméra du cinéaste parvient ainsi facilement à trouver sa juste place au sein des discussions, tantôt distanciée, tantôt au plus proche de certains personnages qui se laissent tout naturellement filmer. Elle suit aussi Roméo jusque dans son intimité, lorsque ce dernier se déshabille et dévoile sa jambe endommagée, quand il prie, ou encore qu’il pleure. Mais chaque moment est capté avec pudeur et bienveillance, bienveillance caractéristique du lien qui unit le cinéaste et son sujet dans ce projet. Michael Andrianaly finira d’ailleurs par rejoindre Roméo à l’image, pour recueillir les confidences de ce dernier.

Anna Mezencev

  • Projection vendredi 22 à 13h