L’Exil et le Royaume
La colère. La colère, celle qui vient du plus profond de l’être devant une injustice commise en son nom, le refus rageur d’un avilissement de l’autre où se reflète son propre avilissement, cette fureur traverse, déchire de part en part L’exil et le royaume. « J’y ai vu des gens intelligents qui savaient construire des abris. » La « jungle » de Sangatte (une appellation raciste qu’affectionnent les médias) est filmée ici à la façon d’un miroir : « J’y ai vu des fonctionnaires français détruire des habitations. » La relégation des exilés de Sangatte révèle la résurgence des conduites honteuses du passé dans le doux royaume de France. L’exil et le royaume s’achève par une cérémonie à la mémoire des victimes déportées où le Chant des partisans résonne comme un blasphème. Ils sont quelques uns à s’insurger contre cet état de fait : un cheminot retraité, ancien résistant, une institutrice qui traque les opérations de police, appareil photo en main, un chômeur qui héberge des familles chez lui… autant de trajectoires parallèles et dispersées d’une résistance qui émerge, d’une liberté qui relève la tête. Volets baissés, portes closes, rues désertes, ils marchent et marchent encore dans la nuit, à la recherche de leur prochain. Clandestins eux aussi. (Yann Lardeau)
Château-Rouge Production
Alexandra Melot
Andreï Schtakleff
Red Star Cinema