Ô HEUREUX JOURS!
Tout commence par une réunion de famille qui, dans la nouveauté prometteuse d’un remariage du frère de la réalisatrice aux Etats-Unis, ne rassemble en fait que les quatre frères et sœurs et leurs parents, délestés pour ce voyage de leurs conjoints et enfants. Est-ce parce que ces retrouvailles renvoient au noyau familial de l’enfance que Dominique Cabrera, croyant filmer l’événement, a mal actionné la caméra, perdant un moment ses moyens de cinéaste professionnelle ? De ces actes manqués, d’une traversée des supports de filmage aussi, la cinéaste fait la pâte d’un home movie tourné dix ans durant. De fête en fête, répétitions et variations finissent par définir toute culture familiale, dans sa singularité comme dans sa rassurante banalité. Déjà dans son journal filmé de l’année 1995 intitulé Demain et encore demain, Cabrera filmait un simple morceau de pain « pour le voir », comme si seule la caméra pouvait ordonner la matière chaotique du réel. En incluant dans O heureux jours sa recherche en Algérie des racines de sa mère née sous x, elle cette démarche à travers les générations. Mais ce métrage accumulé avec amour ouvre forcément à l’élégie : le revoir, c’est anticiper la mort sur le visage des vivants. Est-ce un hasard si, comme un contrepoison, c’est le fils de la cinéaste qui tient à la fin la caméra ? (Charlotte Garson)
Périphérie, Espace 1789, In the Mood, Film Study Center at Harvard University, Ad Libitum
Marc Daquin, Isidore Bethel, John Husley
Dominique Cabrera, Dominique Ciekala
Dominique Cabrera, Diane Baratier, Victor Sicard, Cyril Machenaud
Ad Libitum