Martírio
Quand, en 1988, Vincent Carelli filme au Brésil la lutte des Guarani-Kaiowá pour la restitution de leurs terres, il ignore que vingt ans plus tard, la violence se sera aggravée. De retour auprès des résistants exsangues, il fouille l’histoire coloniale.
Quand en 1988, Vincent Carelli filmait au Mato Grosso do Sul la lutte des Guarani-Kaiowa pour la restitution de leurs terres, il ignorait que, vingt ans plus tard, la violence se serait aggravée et que les droits acquis seraient menacés sous la pression des lobbys de l’agrobusiness. De retour avec ses collaborateurs Ernesto et Tita, il fouille l’histoire coloniale. Les rares octogénaires qui ont survécu aux expulsions et au x meur tres sont la mémoire vive des vagues successives de persécutions. Martírio tire sa force de son insistance à solliciter tous les supports de parole, des archives télévisées à l’entretien avec des descendants de colons martelant qu’il n’y a jamais eu d’indigènes sur leur propriété : « Un anthropologue a dit que c’était un village indien… un cimetière… Ils inventent ! » Déracinés à plusieurs reprises, tués par balle ou écrasés par des voitures, les interlocuteurs du cinéaste montrent les tombes qu’ils ont construites, les terres qui leur furent arrachées. Carelli suit aussi les débats judiciaires et politiques dans lesquels la Funai, organisme gouvernemental créé pour mettre en œuvre les politiques relatives aux indigènes, se trouve prise en tenaille, peut-être parce qu’elle est issue de la « garde indigène ». L’anime surtout une fidélité à ces communautés rétrécies, à leurs rituels, à leur mode de vie. La persévérance des réalisateurs est une ode à cette résistance endurante et nonviolente. (Charlotte Garson)
Olívia Sabino
; Vincent Carelli
Ernesto de Carvalho; Vincent Carelli; Fausto Campolli
Ernesto de Carvalho; Vincent Carelli