People Pebble
Promeneurs et travailleurs des terrils du Nord de la France et des falaises de craie d’Angleterre parcourent un paysage friable. Le noir et blanc en 16 mm et le travail sonore naviguent de manière ludique entre mémoire sociale, onirisme et abstraction.
Un marteau-piqueur, quelqu’un qui sifflote, le bruit d’une locomotive, les oiseaux, le vent… Dans cette partition audiovisuelle, on a plaisir à chercher à identifier ce que l’on voit et entend, parfois en tâtonnant – des enfants qui s’ébattent sur la plage ont l’air de faire des boules de neige, par exemple. L’affairement multiple de l’homme dans le paysage est ramené au grain et au bruit de ce qui le constitue : la matière. C’est que le film met en présence, sans crier gare, deux paysages de part et d’autre de la Manche : les noirs terrils du Nord de la France, restes d’une exploitation minière abandonnée, et les falaises crayeuses du Sud-Ouest anglais, évanescentes pour d’autres raisons : « Là, il y avait trois cottages, ici, une grosse maison… ». Le montage bat les cartes de ces deux territoires face à face, s’amusant du contraste entre les formes et les textures, en noir et blanc, choix judicieux que la pellicule 16 mm accompagne de son grain. La tentation lyrique de la photographie paysagère est bousculée par l’aspect ludique de ce que les « gens » font à la matière, elle-même toujours potentiellement hybride – sable, terre, sel, roche. S’en dégage, dans une joie teintée de mélancolie, la friabilité générale, l’instabilité de ce qui, dans la nature, s’imposait comme massif. Splendide jet de cailloux que cette ode à l’impermanence. (Charlotte Garson)
Le Fresnoy - Studio National des Arts Contemporains; Jivko Darakchiev; Jim Shea; Christine Gist
Jivko Darakchiev; Perrine Gamot
Arno Ledoux
Jivko Darakchiev; Perrine Gamot; Marie Losier
Arno Ledoux