Wan Mei Xian Zai Shi
Le streaming en direct a explosé en Chine et est devenu l’une des industries les plus rentables au cours des dernières années. A côté de nombreuses « célébrités de l’Internet », il est devenu un lieu de rassemblement populaire pour des masses de net-citoyens chinois. C’est à ceux-ci que Shengze Zhu s’attache, à ceux qui ne cherchent ni l’argent ni la gloire mais à appartenir à une communauté qui se retrouve, virtuellement, dans un même temps t. Hommes et femmes, ils sont handicapés, socialement déclassés ou vivent éloignés des centres urbains. Rejetés dans la vie réelle, ils cherchent à exister, et plus que tout, à être connectés au monde. Alors ils se filment, se racontent, interagissent en direct, accueillant par un mot de bienvenue ceux qui viennent les regarder… Le désir de contact, de partage et d’expérience sociale de ceux qui sont exclus trouve un exutoire dans ce monde de l’instantané, connecté numériquement. De la galerie de portrait, à la fois poignante et grotesque, que propose le début du film, émerge peu à peu des personnages avec lesquels nous-même spectateurs nous faisons communauté. L’histoire et le destin de chacun se révèlent et se croisent jusqu’à ce qu’émerge un semblant d’esprit de camaraderie. A partir du récit de ces existences solitaires le film fabrique une image cruelle et engagée de la Chine aujourd’hui, une image bien plus désespérée et dramatique que celle que cultive chacun des personnages pour ses « followers » devant son smartphone.
Catherine Bizern
Zhengfan Yang (Burn The Film), Yang Wang (Tender Madness Pictures)
Aymeric Dupas
Burn The Film, burnthefilm@gmail.com