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Garage, des moteurs et des hommes

Claire Simon
2021 France 71 min
DR
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Un joli petit village provençal. Certes j’y ai grandi, mais aujourd’hui la vie semble l’avoir un peu déserté. Sauf là, au garage auto/moto où tous, c’est-à-dire les hommes, viennent entretenir leur voiture. Que font-ils ? De quoi parlent-ils ? Une panne vire au casse-tête à suspense, le garage devient le lieu de la transmission masculine. Les hommes sont entre eux et réparent des corps de métal.

« On travaille, ici », lance Christophe, garagiste dans un village du Haut-Var où Claire Simon a passé son enfance. Si elle nous fait plonger dans un monde mécanique et si le moteur du film est un lieu de travail, c’est aussi tout autre chose qu’est venue chercher la cinéaste ici. Le garage de Christophe est une forteresse pour les relations. On passe au garage pour réparer sa vitre, changer ses freins ou simplement traîner au comptoir de Christophe, impulsif, impatient, mais toujours prêt à dépanner. S’installer dans un lieu et en observer tous les revers, c’est bien une pratique documentaire où Claire Simon excelle. En quelques plans, on est au garage comme au café. Il y a Romaric, l’apprenti de Christophe, qui a bien compris que les deux n’étaient pas si éloignés, qui ramène sa copine et arrive un peu à l’heure qu’il veut. Il y a les piliers du garage qui semblent connaître la place de chaque outil, liés par le secret des moteurs. Il y a les femmes qui n’ont pas de virilité à exposer ici et restent plus à l’écart, à la place qui leur est assignée. Entre ces hommes, comme entre Romaric et son patron, la transmission est technique, mais aussi liée au village : ses histoires, ses querelles, ses politiques qui les relient tous et toutes, qu’ils le veuillent ou non. C’est dans ce lieu où l’on pourrait passer sans s’attarder que s’aiguisent les liens. Le temps accordé aux facettes du garage est ajusté par la cinéaste. La caméra s’engouffre au cœur de la mécanique et prend le temps des apartés et des rumeurs afin de découvrir, derrières les circuits les plus compliqués, la complexité des rapports : entre ceux qui détiennent le savoir et ceux qui ne savent pas encore, entre les jeunes et les anciens, entre les femmes et les hommes.

Clémence Arrivé

Production :
Petit à petit production (Rebecca Houzel)
Image :
Claire Simon
Montage :
Luc Forveille
Son :
Frédéric Buy
Musique originale :
Nicolas Repac