7h15 – Merle noir
Jean vit comme un ermite dans une forêt de Lozère. Depuis sa cabane, il écoute et enregistre les sons des animaux qui peuplent le territoire alentour. Une nuit, il entend le cri d’un animal inconnu. Accompagné de Mana, une jeune fille qui chante avec les oiseaux, il part à la recherche de la mystérieuse créature.
Au cœur des forêts, le monde naturel s’offre en proportions égales à la curiosité des scientifiques et aux passions des poètes. C’est ce que rappelle le beau film de Judith Auffray, qui ne cite pas pour rien les recherches précieuses de Simeon Pease Cheney – le premier à avoir, au mitan du XIXe siècle, retranscrit en notes musicales le chant des oiseaux. Fidèle à sa leçon mais armé d’un Nagra, le héros de 7h15 – Merle noir archive nuit et jour, patient ermite, les mille manifestations du chant de la nature : « 08h07, mésange charbonnière ; 18h23, pédolyte ponctué ; 02h05, chevêchette… » Sur le sonagramme qui l’aide dans sa tâche, le spectre sonore de son butin ressemble lui-même à une nuée d’oiseaux. Il n’est pas tout à fait seul : une jeune fille l’accompagne, pour qui les murmures de la forêt semblent n’avoir aucun secret. Un jour, pourtant, un son nouveau frappe leur oreille, une présence à laquelle ni l’un ni l’autre ne savent donner un nom. Alors l’élan de la science rejoint pour de bon celui du rêve : une quête commence qui entraîne le naturaliste et la jeune fée, un soir d’orage, dans le ventre noir de la forêt, une mine argentifère abandonnée où dorment ensemble, depuis plus d’un siècle, le mystère de la nature et l’histoire des hommes.
Jérôme Momcilovic
Le Fresnoy, La Traverse
Mario Valero, Raimon Gaffier
Stéphane Debien, Kilian Fanget
Judith Auffray
ljbailleul@lefresnoy.net, gateicher@gmail.com